Début décembre, l’Anah se voulait rassurante : l’année 2025 serait marquée par une stabilité réglementaire et budgétaire. Une perspective attendue par l’ensemble des acteurs du bâtiment et de la rénovation. Pourtant, MaPrimeRénov’ semble suivre une trajectoire bien différente. En seulement quelques semaines, les annonces alarmantes se sont multipliées : suspension des versements, réduction budgétaire, financement des travaux monogestes par les CEE… Face à cette incertitude, il est essentiel de distinguer les rumeurs des faits. Où en est-on vraiment ?
Une stabilité de courte durée
Les communications contradictoires et les revirements successifs créent une confusion chez les particuliers et fragilisent la structuration de la filière.
Les aides de l’Agence nationale de l’habitat sont effectivement suspendues en attendant l’adoption du budget de l’État pour 2025. Toutefois, le dépôt et le traitement des dossiers se poursuivent. Les demandes instruites avant janvier 2025 relèvent du budget 2024 et ne subissent pas de délai supplémentaire, contrairement aux nouvelles demandes.
Le calendrier budgétaire se précise : la première lecture au Sénat a lieu début janvier, suivie d’une commission mixte paritaire le 30 janvier pour tenter de concilier les positions des députés et des sénateurs. Le gouvernement vise une adoption définitive avant fin février 2025.
Bercy envisage une réduction de 700 millions d’euros du budget de MaPrimeRénov’. Un amendement gouvernemental proposait une baisse plus modérée de 500 millions, mais il a été rejeté. Le montant définitif n’est pas encore fixé, mais la diminution de la prime est actée, justifiée par trois raisons principales :
- Une sous-consommation des crédits en 2024 ;
- La nécessité de réduire les dépenses publiques ;
- La volonté de contenir le déficit public à 5 % du PIB.
Cependant, plusieurs sénateurs ont mis en garde contre un recul des ambitions en matière de rénovation énergétique. Ils ont notamment souligné les obligations accrues imposées aux propriétaires et bailleurs privés (comme la rénovation des logements classés DPE G), mais ces alertes n’ont pas infléchi la tendance. De manière plus générale, l’écologie est l’une des principales victimes du budget 2025, avec un coup de rabot global de 1,3 milliard d’euros.
L’aide publique à la rénovation énergétique pourrait être scindée : MaPrimeRénov’ ne financerait plus que les rénovations d’ampleur, accompagnées obligatoirement, tandis que les certificats d’économie d’énergie (CEE) prendraient en charge les travaux monogestes.
Pourtant, l’Anah communique depuis un mois sur le maintien du parcours “par geste” dans MaPrimeRénov’, y compris pour les logements très énergivores.
Ce rapprochement entre MaPrimeRénov’ et les CEE était préconisé dans plusieurs rapports, mais sa mise en œuvre nécessite un travail technique important qui prendra plusieurs mois. Les autorités ont donc confirmé qu’aucun changement majeur n’interviendrait en 2025 concernant les parcours de travaux et les barèmes. Peut-on espérer un minimum de stabilité une fois la loi de finances adoptée ?